La comédienne Chekra Rammeh récemment récompensée du prix de la meilleure actrice (Rôle Secondaire) lors de la cérémonie des « Mosaïque Ramadan Awards », pour sa prestation dans la série télévisée “Falloujah” a dédié ce prix à tous ses collègues absents et écartés des écrans cette année.
Chekra Rammeh actrice et comédienne a reçu le premier prix du second rôle féminin lors des ramadan awards 2023 organisés par la radio Mosaïque Fm et ce pour sa participation à la Série à grand succès “’Falloujah” diffusée lors du mois de ramadan sur la chaine “Al Hiwar attounssi”.A cette occasion , elle a dédié ce prix à tous les “absentés” ses collègues qui n ‘ont pas eu le privilège de jouer et travailler lors de cette saison, espérant par ailleurs d’avoir de meilleures propositions, avec plus de présence dans des rôles plus consistants différents et originaux .
La comédienne a ajouté à ce propos” certes, mon rôle dans la série Falloujah est secondaire, mais il a marqué les spectateurs, qui ont voté pour Madame Sihem” la mère de “Amal”, et malgré la discrétion du personnage et l ‘espace de jeu relativement bref. J’espère que les prochaines apparitions seraient plus importantes”
“Sihem dans Falloujah”
Concernant son personnage dans “Falloujah” Chekra Rammeh explique, que la famille apparemment heureuse et sereine n ‘st qu’une façade trompeuse, car la mère incarnée par Chekra Rammeh , est en rupture de communication avec sa fille, la jeune élève brillante “Amal”, elle n ‘arrive pas à lui démontrer son affection autrement qu’en la poussant à réussir ses études et travailler d’avantage. De même sa relation de couple est plate et dépassionnée, ce qui pousse son mari à la tromper. L’actrice juge alors son personnage, comme responsable relativement de l ‘echec familial, elle explique” Les parents se doivent de communiquer entre eux et avec leurs enfants, pour leur assurer la sécurité émotionnelle et la confiance en soi”. Quand à transposer la fiction sur le réel de la famille tunisienne, Chekra Rammeh réponds que au cours de sa carrière de professeure enseignante de théâtre , 15 ans d ‘exercice, et étant très proche de ses élèves , elle a constaté , dans la majorité de cas, un hiatus abyssal entre les adolescents et leurs parents , elle ajoute « Cette génération est très différente de la nôtre , et nous ne pouvons pas perpétuer l ‘éducation reçue par nos parents , ceci ne répond plus aux besoins des jeunes qui sont plus fragilisés,. Il faut les encadrer au sein de la famille tout en les préparant à faire face à une société, et un espace virtuel agressif…ce sont les injonctions de leur époque”
Chekra, l’actrice et la mère
Et que pense Chekra de son personnage et de la fiction Falloujah en général ? Quel regard de parent pose-t-elle sur cette série du point de vue de sa propre relation avec son enfant ?
Chekra Rammeh a répondu aisément à ses deux questions en expliquant le choix stratégique de la production et de la chaine d ‘accentuer le suspens dès le premier épisode, justifié par la recherche légitime d’audimat, ce qui fut une vraie réussite plébiscitée par le public. La suite des épisodes et l’évolution des situations et des personnages auraient permis d’émettre des messages clairs parfois didactiques, et dont la réception fût positive de la part des parents et des enseignants, parmi les spectateurs. Parfois il faut interpeller crument pour faire passer certains messages et je pense que la série a réussi à ce niveau.
En ce qui concerne sa propre fille, Chekra a répondu” Ma fille est âgée de 11 ans je ne lui ai pas interdit de regarder la série, mais nous l’accompagnons avec son père et discutons avec elle les scènes, les dialogues en étant à l ‘écouté de ses critiques et de ses impressions, ainsi que des angoisses... “Interdire est une erreur, car ceci aiguise le désir et la curiosité des jeunes, de même qu’on ne peut pas toujours suivre nos adolescents à la trace, ni sur les différents moyens de communications et réseaux sociaux.. Il vaut mieux les outiller, il faut qu’ils comprennent comment faire les bons choix, et ça fait partie de leur apprentissage”
“l’absence d’une industrie cinématographique et audiovisuelle est une entrave pour les acteurs”
Malgré une carrière riche en films, téléfilms et série télévisées, pour ne citer que “awled el ghoul” “Taj el Hadhra” “Naouret Lahoua” “Nssibti Laaziza “Al Ayam… Chekra Rammeh n’a pas encore pu percer au-delà du paysage national et sa notoriété n’a pas atteint le niveau souhaité par l ‘artiste, qui semble attendre ,le rôle principal révélateur de son immense talent. Elle renvoie ceci à l ‘absence d’un ‘écosystème viable pour le cinéma et la fiction audiovisuelle permettant la diversification des projets et des rôles proposés à chaque comédien, ajoutant à cela un déficit au niveau de l ‘écriture des scénarios, un manque quantitatif de la production et surtout la rétraction budgétaire du à la raréfaction des sponsors et des annonceurs publicitaires, qui sont vitaux pour ce secteur.
Elle ajoute” même en ce qui concerne le cinéma en Tunisie, la production reste qualitativement faible, et je le dis en témoin car bien que je sois reconnue comme actrice, je ne suis pas sollicitée par les cinéastes tunisiens, malheureusement “. Elle rétorque avec une pointe d’affliction, pour répondre à notre brève question « Chekra et le cinéma ? » C ‘est un sempiternel chagrin, un vrai crève-cœur pour moi, qui suis prête depuis longtemps et qui aspire au cinéma, autant si ce n ‘est plus qu’au théâtre ». Elle ajoute que son dernier rôle au cinéma date de mars 2023 pour un film de Mourad ben Chikh. Comédienne confirmée elle reste présente sur la scène avec un spectacle théâtral tous les deux ans en moyenne …Mais avec l’intime conviction que le septième art tarde à la solliciter pour lui accorder la place qu’elle mérite.
« J’ai changé d’opinion en ce qui concerne l ‘Egypte »
L’actrice Chekra Rammeh, tout comme la femme est toujours en pleine évolution, refusant la monotonie et le statique. Ains lors de précédentes rencontres nous avions posé à Chekra certaines questions, et l’actrice semble avoir cheminé et s’ouvre à de nouveaux horizons.
Ainsi, l ‘actrice, contrairement à beaucoup de collègues de sa génération, a toujours réfuté l ‘option égyptienne préférant mener sa carrière exclusivement en Tunisie, mais ceci n ‘est plus d ‘actualité. L’actrice est désormais prête à s’envoler en Egypte ou ailleurs dans le monde arabe, et même à l ‘international avec pour bagage, une carrière riche et solide et une envie de découverte et de nouvelles expériences professionnelles…Elle revient également sur son ancienne position concernant le genre “One man show” ,qu’elle a longtemps appréhendé ; Chekra nous dévoile son projet en cours d’élaboration et qui serait une véritable “surprise tant pour son public que dans le domaine des spectacles “seule en scène” ….. Affaire à suivre !