Ibrahim Maalouf envoûte Carthage avec un concert vibrant et universel

Lors de la cinquième soirée du Festival international de Carthage, le 26 juillet 2025, le trompettiste et compositeur de renommée mondiale Ibrahim Maalouf a offert un spectacle inoubliable sur la scène du théâtre antique.

Cet artiste franco-libanais, fort de 19 albums et de nombreuses distinctions, dont quatre Victoires de la musique et un César, a dédié son concert à son dernier opus, TOMA (Trumpets of Michel-Ange), marquant les esprits par sa créativité et son énergie communicative.

Une performance instrumentale innovante

Accompagné d’un batteur, de deux bassistes, d’un saxophoniste et de cinq trompettistes, Ibrahim Maalouf a transformé le théâtre de Carthage en un espace de communion musicale.

Sa trompette à quatre pistons, invention de son père, est au cœur de son art. Passant du classique au jazz, puis intégrant des influences multiples, sa musique transcende les genres. 

Lors de ce concert, il a présenté une performance instrumentale vivante et novatrice, structurée comme un récit narratif captivant, reliant les morceaux à travers une thématique unique.

Un spectacle inspiré par l’amour

L’idée du spectacle, comme l’a partagé Maalouf lors de la conférence de presse et avec le public, est née le jour de son mariage avec la chanteuse Hiba Tawaji.

Conçu comme une célébration, le concert retrace les étapes d’une cérémonie nuptiale : la demande en mariage, le moment du « oui », puis la fête et la danse de la mariée.

Chaque segment possède son propre rythme et tempo, invitant le public à se lever et à se laisser emporter par la musique.

Les cuivres, dominants, alternent entre solos virtuoses et performances collectives, tandis qu’une danseuse a enrichi certains passages avec des chorégraphies africaines, orientales et gitanes.

Une touche tunisienne et un hommage émouvant

Maalouf a intégré une note locale en reprenant un extrait de l’introduction de « Sidi Mansour », spécialement arrangé pour Carthage, suscitant l’enthousiasme du public.

Il a également rendu un hommage poignant à l’artiste libanais Ziad Rahbani, décédé le matin même, en interprétant « Saalouni ennass », composé pour Fairouz.

Ce moment, empreint de nostalgie, a permis au public de chanter en chœur, guidé par la voix de Maalouf et les mélodies de sa trompette.

Une connexion intime avec le public

Entre les morceaux, Maalouf a partagé des anecdotes personnelles, évoquant son enfance, son père qui lui a transmis sa passion pour la musique, et son départ du Liban pour la France à cause de la guerre. « Je me suis réfugié dans la musique pour m’intégrer », a-t-il confié, donnant une profondeur émotionnelle à ses notes.

Le public a participé activement, prêtant sa voix à des vocalises sans paroles, dans un élan de spontanéité et de communion, suivant les modulations proposées par l’artiste.

Une expérience musicale immersive

Le concert a débuté avec une énergie débordante et un rythme soutenu, avant de s’adoucir progressivement vers une atmosphère plus intime et contemplative.

Cette transition a permis au public de passer de l’exaltation à une écoute profonde, captivé par la virtuosité de Maalouf et de son ensemble. Engagé, il a également exprimé son soutien à la cause palestinienne à travers une performance empreinte de sensibilité, renforçant son message d’humanité et de paix.

Un artiste visionnaire

Nostalgique, festif et engagé, le spectacle d’Ibrahim Maalouf à Carthage illustre son approche novatrice de la musique. En mêlant jazz, pop, rock et influences orientales, et en intégrant danse et récits autobiographiques, il a créé une expérience immersive et personnelle.

Son engagement pour transmettre sa passion se reflète dans son académie Michel-Ange, où il forme gratuitement de jeunes trompettistes, dont deux, Mohammed et Shahrazad, l’ont accompagné sur scène.

Carthage, carrefour de la création

Ce concert a une fois de plus prouvé la vocation du Festival international de Carthage à célébrer la diversité culturelle. La 59e édition, qui se poursuit jusqu’au 21 août, offrira au public l’occasion de découvrir d’autres artistes venus de France et d’ailleurs, dans un esprit de partage et de créativité.