Cette rencontre vise principalement à créer un espace de dialogue entre divers acteurs et influenceurs de tous les spectres et composantes de la société civile, des chercheurs, des institutions et des structures publiques, à travers l'acquisition et l'échange de connaissances et l'unification des efforts visant à établir les meilleures pratiques efficaces en matière de gestion et de gouvernance de l'eau. Cette rencontre cherche également à poursuivre la lutte pour garantir l'accès à l'eau à tous les citoyennes et citoyens à travers la justice ainsi qu’une stratégie efficace de l'eau.
Après avoir discuté et échangé des idées qui ont été présentées, que ce soit dans des ateliers liés aux conférences ou des ateliers liés aux axes thématiques suivant :
1. La stratégie nationale de l’eau en Tunisie à l’horizon 2050.
2. Les changements climatiques et les ressources en eau.
3. L’eau et les écosystèmes, « les oasis comme exemple ».
4. La qualité de l’eau et l’eau en bouteille ; Quelle relation ?
5. Le cadre législatif de l’eau.
6. Eau, recherche scientifique et numérisation de son utilisation.
7. Eau et femme : dimension du genre de l’eau.
8. Quelle signification de la souveraineté alimentaire face à la rareté de l’eau ?
9. Justice de l’eau et transition environnementale juste pour l’avenir tunisien.
10. Eau et production d’hydrogène vert en Tunisie : avec quelle eau et pour quel bénéfice ?
11. Accès à l’eau et la migration
Nous exprimons :
1. Notre soutien et notre solidarité inconditionnels avec notre peuple en Palestine dans sa lutte légitime contre l'entité sioniste raciste et oppressive pour la libération de toute la Palestine, du fleuve à la mer.
2. Notre considération que la pénurie d'eau que traverse actuellement la Tunisie n'est pas une fatalité naturelle, mais le résultat de l'échec des politiques publiques de gestion de l'eau et des choix économiques des gouvernements successifs depuis 1956.
3. L'élaboration d'un nouveau cadre législatif et institutionnel pour la gestion de l'eau en Tunisie est restée soumise aux tiraillements politiques, aux agendas partisans et à la dépendance envers les bailleurs de fonds, même après le 25 juillet 2021. Cela a aggravé les problèmes structurels des ressources en eau et a augmenté le coût et les effets de la pénurie d'eau sur le peuple tunisien.
4. L'absence de toute vision ou stratégie nationale pour une adaptation proactive aux changements climatiques dans le domaine des ressources en eau, que ce soit au niveau de la mobilisation, de distribution ou d'utilisation.
5. La poursuite de l'épuisement des ressources en eau dans le secteur de l'agriculture d'exportation à faible valeur ajoutée, ainsi que dans les industries exportatrices et consommatrices d'eau tout en étant polluantes.
6. La continuité de la décentralisation des institutions publiques de services, notamment celles concernées par l'eau potable, a conduit à la vétusté des réseaux et à la détérioration des infrastructures hydrauliques. Cela a eu un impact sur la qualité de l'eau d'une part, et a entraîné une importante perte et gaspillage d'eau d'autre part, surtout dans le contexte des changements climatiques.
7. Le respect du principe de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement pour tous les habitants du territoire tunisien, en mettant un accent particulier sur les migrant.es et les réfugiés temporairement installés en Tunisie.
8. La création d'un conseil scientifique pour l'Observatoire Tunisien de l'Eau, dont la première réunion aura lieu le 26 juin 2024.
En ce qui concerne la Stratégie nationale de l'eau à l'horizon 2050, nous déclarons :
- La nécessité de mettre en place un manuel de développement global et intégré, en tenant compte du fait que l'eau est essentiellement une question de développement.
- La défense de la Société Nationale d'Exploitation et de Distribution de l'Eau et revendiquer son maintien en tant qu'entité nationale et publique.
- - La nécessité de préserver la souveraineté nationale et d'adopter un programme national souverain en matière d'eau au niveau régional.
- L’État devra reconnaisse la crise structurelle dans le domaine de l'eau et élabore un programme concret pour y remédier.
En ce qui concerne les changements climatiques et leur impact sur les ressources en eau, nous déclarons:
- La révision du modèle agricole actuel, qui dépend fortement de l'irrigation intensive, et remplacer les politiques hydriques actuelles par des politiques visant principalement à atteindre la souveraineté alimentaire.
- Le changement du modèle de consommation et les habitudes alimentaires des Tunisiennes et Tunisiens en lien avec les changements climatiques.
- L’insistance sur le rôle de l’Etat dans la conception et la mise en place des stratégies d'adaptation aux changements climatiques.
En ce qui concerne L’eau et les écosystèmes, « les oasis comme exemple », nous déclarons :
- La révision de la stratégie de l'État en ce qui concerne les priorités de la production agricole dans les zones oasiennes et reconnaître les oasis en tant qu'écosystèmes particuliers nécessitant un cadre juridique qui leur est propre.
- L’élaboration d’une politique d'exportation conforme à la situation hydrique dans les oasis.
- L’annulation de tous les projets d'aménagement du territoire qui mettent en péril les oasis et combattre l'expansion urbaine qui les menace.
- L’orientation des ressources en eau allouées à l'irrigation à travers une carte de production agricole basée sur des systèmes de production alimentaire respectant la biodiversité plutôt que sur des investissements agricoles orientés vers l'exportation.
En ce qui concerne le cadre législatif de l’eau, nous déclarons :
- La nécessité d’ouvrir un dialogue national inclusif impliquant toutes les parties concernées par l'eau afin de préparer un nouveau projet de code des eaux qui reflète la réalité de la situation hydrique nationale et qui intègre les aspirations ainsi que les besoins du peuple tunisien à moyen et long terme.
- L’importance de définir un cadre pour l'application du droit à l'eau dans un chapitre distinct du projet de code des eaux.
- La supervision par l'État du forage des puits souterrains, l'octroi des permis d'utilisation et leur gouvernance, en particulier dans le contexte des changements climatiques.
En ce qui concerne la qualité de l’eau et l’eau en bouteille ; Quelle relation ? nous déclarons :
- L’activation du rôle des structures de contrôle du secteur de l'eau et l’évaluation de la conformité des entreprises d'embouteillage de l'eau à la loi et aux normes sanitaires.
- Le soutien de l'Office des eaux minérales et le renforcement de son rôle dans la réalisation des analyses et le suivi sanitaire des eaux.
- La mise en place d’une approche globale pour garantir la qualité de l'eau.
En ce qui concerne l’eau, recherche scientifique et numérisation de son utilisation, nous déclarons :
- La demande à l'État de mettre en place des stratégies nationales participatives pour faire face à l'épuisement des ressources en eau.
- L’appel à la création d'organismes qui travaillent à établir des liens de coopération entre les différents acteurs sociaux dans le secteur agricole.
- La demande de la révision du financement agricole afin de permettre aux agriculteurs d'obtenir des financements allant jusqu’au 50 % pour soutenir l'utilisation de techniques et de technologies économes en eau dans le domaine agricole.
En ce qui concerne l’Eau et femme : dimension du genre de l’eau, nous déclarons :
- La révision du décret gouvernemental n° 724 de l'année 2020 émis le 3 août 2020 relatif à la fixation des conditions d'exercice de l'activité de transport des travailleurs agricoles et les conditions de l'accès à ce service.
- L’adoption d’une approche intersectionnelle dans l'élaboration des politiques publiques basées sur la perspective de genre dans le domaine de l'eau.
- L’intégration impérativement de l’approche genre dans les politiques publiques relatives aux ressources en eau.
En ce qui concerne la souveraineté alimentaire face à la rareté de l’eau, nous déclarons :
- Mettre fin aux politiques d'influence capitaliste et arrêter l'épuisement des ressources hydriques tunisiennes.
- La sensibilisation des citoyennes et citoyens afin de construire une économie nationale en vue d’atteindre la souveraineté alimentaire.
- Le soutien de l’État dans l'adoption des propositions avancées réalisées par les chercheurs dans le domaine de l'eau et de la souveraineté alimentaire.
En ce qui concerne la Justice de l’eau et transition environnementale juste pour l’avenir tunisien, nous déclarons :
- La nécessité de garantir la justice dans la qualité de l'eau distribuée par la Société Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux entre le nord et le sud, entre la côte et l'intérieur, et entre les grandes villes et les villages.
- La création d'une société nationale pour l'exploitation et la distribution de l'eau dans les zones rurales, en remplacement les groupements de développement agricoles.
En ce concerne l’eau et l’hydrogène vert, nous déclarons
- La résistance aux politiques de privatisation dans le système énergétique et les généraliser.
- La réalisation de la souveraineté énergétique avant de penser à l'exportation.
- La mise en place d’un système de liaison entre l'eau et l'énergie (NEXUS) pour tirer parti de l'énergie nationale pour l'eau plutôt que pour la production d'hydrogène vert pour le système capitaliste.
- La démocratisation de l’énergie et l’implication des classes ouvrières au cœur de la formulation de la transition énergétique.
- La décolonisation.
- L’intégration des classes ouvrières, y compris les femmes, les agriculteurs et les chercheurs universitaires, dans la vulgarisation des concepts liés à l'hydrogène vert.
En ce qui concerne l’accès à l’eau et la migration, nous déclarons :
- La création d'une structure indépendante du ministère de l'Agriculture pour la gestion des ressources en eau, étant donné que la rareté, l’abondance de l'eau sont l’un des facteurs contribuant au développement des projets de migration.
- L’arrêt des investissements dans l'eau minérale, en particulier dans les zones rurales qui épuisent les ressources en eau, afin de permettre aux petits agriculteurs d'exploiter les ressources en eau et de les inciter à produire des cultures nécessitant moins d'eau plutôt que de décider de migrer.
- Trouver des solutions locales qui tiennent compte des particularités naturelles, climatiques, économiques, sociales, des dynamiques communautaires et culturelles locales, étant donné que la logique migratoire varie selon les régions, en particulier celles ayant des traditions migratoires.
- L’élaboration et formulation d’un plan clair pour faire face aux changements climatiques et environnementaux afin que le pays ne soit pas confronté à des migrations climatiques précoces.
- La lutte pour fournir de l'eau aux migrant.e. s bloqués en Tunisie et enfermés dans le cercle de la soif.
En ce qui concerne le rôle de la société civile, nous déclarons :
- Critiquer les politiques de l’État et exercer une pression concernant les programmes d’adaptation, car ce sont les pauvres, les femmes, les enfants et toutes les catégories vulnérables qui supportent le coût social, environnementale, économique et psychologique élevé des politiques injustes.
- La demande à l'État d'impliquer la société civile et politique dans l'élaboration d'une vision nationale sur l'eau.
- La mise en collaboration entre les chercheurs et la société civile pour imposer une approche scientifique et des solutions à l'État.
- La mobilisation de la société civile pour s'opposer au projet d'hydrogène vert.
- Le lancement d’un dialogue initié par la société civile dans les oasis et les régions reculées sur la manière d'éviter l'épuisement et de promouvoir certaines pratiques de résistance.
- La pression de la société civile pour l'adoption du projet de Code de l'eau par une loi organique dans les plus brefs délais.
L’implication de la société civile et les acteurs sociaux dans la prise de décision et la construction de stratégies de développement.